bidonville - émotions - Mast Kalandar - tchoup - rag pickers
Réaction - Danse - Rythme - Mendicité+cauchemar - Sleep Dolly - Fuite+Train+gare
L’association TaMiErO été créé en 2012 afin de poursuivre les buts
suivants :
- Ouvrir l’accès des arts de la scène à un large public
- Ouvrir des cours et de ateliers d’arts du spectacle (musique,
théatre, danse... ) en particulier dans des lieux où le public n’y a
pas aisément accès
- Soutenir ou organiser des activités telles que des spectacles
mélangeant les arts scéniques.
Avant que cette association ne soit créée, Tamaé Gennai et Pierre
Deveaud étaient déjà partis en Inde de Septembre 2011 à Juin 2012
pour monter un projet de création de spectacles avec des enfants,
notamment grâce au soutien des associations suivantes :
- Association Artjuna, Genève (www.artjuna.org)
- Tiljala Society for Human and Educational Developement, Kolkata, (www.tished.org)
- Association Essentiel, Nyon (www.essentiel-org.ch)
- Association Kamathipura, Lausanne (www.asskam.org)
- Prerana NGO, Mumbai (www.preranaantitrafficking.org)
- Association des amis de Jaques-Dalcroze, Genève
- Fondation Jaques-Dalcroze, Genève
- Soroptimist International Club de Nyon (www.soroptimist.ch)
- Association Niedermeyer, Nyon (www.niedermeyer-nyon.ch)
- Alliance Française du Bengale, Kolkata (www.bengale.afindia.org/fr)
De Septembre 2011 à Juin 2012, Tamaé Gennai et Pierre Deveaud sont
partis en Inde donner plusieurs stages d’art de la scène (musique,
théâtre et mouvement) à Kolkata (Calcutta) et à Mumbai (Bombay) avec
des enfants défavorisés, débouchant à chaque fois sur une
représentation publique.
Ils ont à chaque fois travaillé en collaboration avec des
associations locales.
Le projet continue cette année en Août 2013 pour reprendre le
spectacle créé à Mumbai, le jouer dans 4 à 5 endroits différents et
le filmer avec un vidéaste professionnel.
A Kolkata, ils sont restés 5 mois et ont collaboré avec
l’association Tiljala-Shed (Tiljala Society for Human and
Educational Development) dans le bidonville de Tiljala.
Ils ont travaillé avec 4 groupes d’enfants d’âges différents.
Un repas était offert à tous les enfants après chaque répétition.
Un des projets de Tiljala Shed consiste en un programme visant à
améliorer les conditions de vie des « rag pickers ». les « rag
pickers” trient les déchets, ou plutôt fouillent dans les ordures ce
qui pourrait être récupéré. La plupart d’entre eux travaillent en
famille, voire en clans et les enfants travaillent dès l’âge de 6
ans. Ils n’ont pas de carte d’identité, pas de compte en banque et
ne savent pas économiser. Beaucoup d’entre eux se droguent et
perdent le peu de leur argent au jeu. Ils sont souvent sans
domicile, dormant dans la rue ou sous des abris provisoires à
proximité des décharges.
Souvent accusés d’être des voleurs et d’être porteurs de maladies,
même par les populations pauvres des bidonvilles, ils sont victimes
d’une discrimination quotidienne contre laquelle Tiljala Shed essaye
de lutter.
De nombreux enfants participant aux projet étant eux-mêmes des rag
pickers, Tamaé et Pierre ont decidé de faire un spectacle qui
raconte leur situation et qui sensibilise le public à leurs
conditions de vie difficiles.
“Umang”, le spectacle:
1200 personnes étaient là à Kalamandir, une des plus prestigieuses salles de Kolkata, pour applaudir les enfants. Les réactions étaient parfois étonnantes mais positives. Les indiens n'avaient sûrement jamais vu un spectacle de ce type. Dans le public étaient présents la totalité des enfants bénéficiant d'un des nombreux projets mis en place par Tiljala Shed (environ 500 enfants), avec leurs familles. Il y avait aussi, bien-sûr, les familles des 70 élèves avec lesquels Tamaé et Pierre avaient travaillé. Tout le personnel de Tiljala Shed avec leurs familles, et de nombreux commerçants et conducteurs de rickshaws du quartier. Tamaé et Pierre ont donc non seulement offert à plus de 70 enfants la possibilité monter sur une des plus prestigieuses salles de Kolkata, mais ils ont offert un spectacle de plus de trois heures (eh oui!) à un millier de personnes qui n'avaient jamais eu l'occasion d'aller au théâtre.
La deuxième partie du voyage s’est déroulée dans la banlieue de
Mumbai, à Kharghar, et plus précisément à Naunihal, un foyer
construit par l'association lausannoise Asskam (http://asskam.org)
pour offrir un meilleur avenir aux enfants de prostituées, enfants
des rues et orphelins.
Naunihal accueille actuellement 26 jeunes filles de 7 à 18 ans.
Priti Patkar est co-fondatrice de l'association Prerana à Mumbai.
Elle se bat depuis plus de 20 ans pour offrir soins, éducation et
respect de soi aux enfants des prostitués de Kamathipura (quartier
chaud de Mumbai). C'est elle principalement qui gère le foyer
Naunihal, et c'est donc avec elle que nous avons décidé de créer un
spectacle qui parle du parcours des jeunes filles du foyer, projet
délicat, ambitieux et difficile à réaliser.
Tamaé et Pierre ont travaillé 4 fois par semaine avec 25 jeunes
filles du foyer Naunihal. Lors de leur premier rendez-vous avec
elles, ils les ont réparties en 6 groupes et ont demandé à chaque
groupe d'inventer une partie de l'histoire d'une jeune fille
(imaginaire) de 12 ans.
1. Description de sa vie au village avec ses parents
2. Fuite
3. Comment fait-t-elle pour s'en sortir?
4. Il lui arrive quelque chose de grave
5. Comment arrive-t-elle à Naunihal
6. La vie après Naunihal
Voici l'histoire qu'elle ont créé et qui a servi de trame du
spectacle:
1. Dolly, 12 ans.
Vit dans un village avec son frère Raju et ses parents. Son père est
fermier et sa mère est femme au foyer.
Les parents de Dolly la font travailler sans relâche.
Elle aimerait étudier, mais ses parents ne lui laissent pas de
répit.
Ses parents lui font beaucoup de chantage (violences,
privations...).
2. Un jour, elle n’en peut plus et décide de quitter le village en
courant.
Elle prend un train, sans ticket, et se cache dans les bagages.
Elle descend à la première station.
C’est Mumbai.
3. Elle reste un moment dans la gare, et quand la faim la prend,
elle va de porte en porte chercher de l’aide mais personne ne la
prend au sérieux. Elle mendie.
Elle dort sur les bancs publics, sous les arrêts de bus et dans les
gares.
4. Elle fait confiance à un homme qui finalement abuse d’elle.
Elle subit les violence psychologiques et physiques de cet homme.
Beaucoup de gens jouent avec ses émotions et lui font du mal.
Elle n’a pas de nourriture, pas d’habit, pas de toit, et subit
beaucoup de chantage.
Exemple: on lui demande de voler et on la menace de lui couper les
mains et les jambes si elle n’obéit pas.
5. Elle parvient à s’échapper, fait du théâtre de rue: danse,
musique, cirque, chant, clown… et rencontre une dame qui l’amène
chez elle et qui la fait travailler chez elle comme servante.
Une amie de la dame (assistante sociale) lui pose des questions sur
cette jeune fille qui vit chez elle. Elle lui dit que c'est
inadmissible et amène Dolly Naunihal, une institution qui s’occuppe
des jeunes fille en détresse.
L’organisation comprend tous les problèmes physiques et
psychologique qu’elle a vécu.
Il y a plein d’autres filles.
Ici elle pourra aller à l’école.
Elle sera en sécurité.
6. Après Naunihal, la vie est très différente.
Elle finit ses études. Elle est responsable.
A 18 ans, elle part de Naunihal et elle habite chez une amie qu’elle
a connue à l’école.
Cette amie l’aide à trouver du travail dans un grand supermarché.
Elle économise pendant plusieures années et se paye l’inscription
dans une grande école de danse.
Elle devient une très bonne danseuse, rencontre un homme dont elle
tombe amoureuse, un danseur à qui elle raconte les problèmes qu'elle
a eu depuis l'enfance. Ils se marient.
Ensemble, ils achètent une maison et montent leur propre école de
danse.
Moyens de communication:
Les jeunes filles ne parlant que très peu l’anglais et Tamaé et et
Pierre ne parlant que très peu l’hindi, une des assistants sociale
du foyer ont, pour les premiers cours, servi de traductrice.
Dans un deuxième temps, Tamaé et Pierre ont dû faire prevue
d’imagination pour se faire comprendre (imitation corporelle et
théâtrale, images…). A la fin du séjour, c’est comme si un langage
commun entre les enseignants et les élèves s’étaient créé, et
l’écart linguistique ne posait plus aucun problème.
Hip hop:
Depuis leur arrivée à Naunihal, les filles ont supplié Tamaé et
Pierre de leur apprendre la danse hip hop. Ils ont donc fait
l'effort (non sans difficulté) d'apprendre des mouvements en
regardant des vidéos sur internet et d'intégrer une chorégraphie de
hip hop dans le spectacle.
Cours particuliers :
Tamaé et Pierre ont essayé au maximum de construire un programme
différencié pour chacune, selon ses capacités et sa motivation. Ils
ont même pu donner des cours de guitare, de flûte à bec et de
mélodica.
Création:
Tamaé et Pierre ont essayé un maximum de permettre aux jeunes filles
de créer leur spectacle. Le challenge était de ne pas créer à leur
place mais, à partir de discussions et d’improvisations, de leur
donner un cadre dans lequel elles puissent inventer, imaginer et
fixer des mouvements, des idées de mise en espace, des textes et des
mélodies qui viennent d’elles-mêmes.
Le spectacle:
Il s’est déroulé devant un petit comité, mais les gens présents ont
donné des retours très positifs. Quelques mamans des filles étaient
présentes, ainsi que de nombreux travailleurs sociaux et
intervenants de l’association Prerana.
Certains d’entre eux ont remarqué et apprécié que soient traités
dans le spectacle des problèmes sociaux contre lesquels ils se
battent au quotidien.
Le public était très ému de voir comment les filles avaient pu
parler de leur propre parcours.
A la fin du spectacle, les filles ont pris la parole pour dire à
quel point elles avaient apprécié que chacune d’entre elles ait pu
participer selon ses capacités, ses différences, ses intérêts.
Il est vrai qu’il était dans les priorités de travailler avec toutes
les filles du foyers, intégrant aussi les filles ayant des
handicapes physiques ou mentaux.